Considérant que ce qui convient le mieux pour traiter des différents aspects de la religion c’est d’utiliser, selon les cas : l’ironie, la dérision, le scepticisme, l’humour, le doute, la comparaison, sans négliger bien entendu les enseignements de l’Histoire et ce que nous apprennent chaque jour les médias, nous allons à l’aide de quelques exemples montrer de quelle manière nous voulons aborder ces problèmes.
1°- La Bible pour se divertir ?
Il y a comme on peut s’en douter, deux manières d’aborder la Bible.
La première en la considérant comme un document ethnologique, ce qu’elle est, c'est-à-dire une œuvre qui ne nous apprend rien sur son sujet central : Dieu, pure élucubration, mais beaucoup sur ceux qui élucubrèrent pour lui donner cette forme, sur les raisons des choix qu’ils firent et de ce qu’ils crurent utile et édifiant de faire figurer dans leurs recueils légendaires.
La genèse, comme les cosmogonies de toutes les religions, est un exemple typique de ce que l’homme en l’absence de toute connaissance sérieuse, va imaginer pour trouver une explication à l’existence du monde matériel dans lequel il est plongé et des êtres vivants qui l’entourent. Naturellement ces tentatives sont toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Elles dépendent de nombreux facteurs tels que l’époque, l’environnement matériel, le passé des peuples concernés, leurs expériences antérieures avec l’au-delà, les esprits, etc., etc., … Ainsi verra-t-on, ici, des animaux sacrés qui engendrent les premiers humains, là le soleil et la lune qui copulent pour donner naissance à la terre et mille autres inventions où l’invraisemblable, la puérilité, la poésie, le délirant, l’onirique, le fantastique, s’exercent, se succèdent, se combinent sans que nulle part les solutions proposées, et pour cause, ne présentent la plus petite trace de réalité.
Ainsi en est-il du livre de la religion hébraïque qui, pas plus que les autres ne présente quoique ce soit de crédible, mais possède cette particularité de mettre en scène un monothéisme, ce qui rend la proposition faite plus humaine. En effet un dieu unique, c’est un peu comme un homme mais en mieux. Or un homme ça travaille. Donc la « création » : l’univers et les vivants, seront l’œuvre du travail de dieu. Le rythme de travail de l’homme était peut-être du quart de lunaison, sept jours, donc on retiendra pour la création six jours de travail suivis d’un de repos.
Au passage, cela veut montrer le fossé qui sépare un dieu d’un homme : pour l’un, tout ce qui est, crée en une semaine, pour l’autre, dans le même temps, si peu de travail. Mais c’est aussi une preuve d’un anthropomorphisme infantile qui montre que l’homme ne sait créer des dieux qu’à son image. Plus tard les théistes, pour tenter de consolider leur système, renverseront cette affirmation et prétendront que c’est dieu qui a crée l’homme à la sienne. Ce qui ne convaincra que ceux qui l’étaient déjà et fera rire les autres !
Ce qui précède se voulait un regard bref, mais sérieux, sur le passé des hommes et les systèmes qu’ils devaient échafauder pour expliquer le monde dans lequel ils vivaient, sans disposer de la moindre des connaissances qui auraient été nécessaires pour pouvoir le faire.
Ces conceptions se justifient évidemment par leur époque. Par contre, ce qui est ahurissant, c’est que ces écrits, qui ne devraient plus avoir qu’un intérêt historique ethnologique, ou anecdotique, soient encore regardés aujourd’hui par certains comme représentatifs de la réalité des choses, malgré une cosmogonie infantile, des récits de la plus haute fantaisie, et des personnages : Moïse, Abraham, etc., dont on s’épuiserait à vouloir prouver qu’ils ont existé…
La seconde façon, beaucoup plus divertissante, de lire ces textes, c‘est de le faire en exerçant son esprit critique, de rechercher les intentions derrière les anecdotes, de débobiner les gros fils blancs qui font que les effets préparés de loin, sont très prévisibles, téléphonés, dit-on aujourd’hui et de découvrir la volonté de les rendre édifiants et moralisateurs. Car tout est présenté pour qu’on croie, à la lecture, qu’on a tiré opportunément une morale des épisodes relatés, censés s’être produit, mais en réalité on a d’abord défini les règles morales qu’on voulait mettre en place, puis inventé les épisodes destinés à les illustrer. Ce qui était d’aileurs beaucoup plus simple et efficace ! Ainsi en est-il de l’aventure du jardin d’Éden, de Sodome et Gomorrhe, d’Onan, et de tant d’autres.
Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple de la création de l’homme.
Donc, vous êtes Dieu, c'est-à-dire un être qui dispose de toutes les perfections et notamment d’une intelligence infinie. Vous venez pendant une semaine, de vous taper un travail énorme : créer le ciel, y installer les étoiles, ajouter quelques planètes pour que ça ressemble à ce qu’on peut observer le soir, régler tout cela pour que les nuits succèdent aux jours, répartir les êtres vivants sur la terre et enfin créer Adam puis Eve. Dans cet ordre. Ce qui n’est pas indifférent, puisque ainsi la femme vient en second et, étant issue du corps de l’homme, n’en est qu’un sous-produit ! Rien n'aurait empêché bien sûr, un Dieu n’est pas à cela près, de créer les deux humains en même temps dans une parfaite égalité. Ce qui permet de conclure que ce choix correspond bien à une volonté délibérée.
Le couple a été installé dans le jardin d’Éden, résidence quatre étoiles (au moins), où il vit totalement nu dans une pureté et une innocence qu’on ne peut peut-être pas imaginer, mais auxquelles on veut nous faire croire… Ces deux êtres se distinguent en ce que vous les avez dotés d’organes sexuels différents, emboîtables, qui génèrent leur propre besoin de les utiliser et procurent le plus souvent lorsqu’on le fait, quelque satisfaction… Il y a toutefois une restriction, qui change tout pour eux, et qui est de ne pas toucher à… l’arbre du « Bien et du Mal ». Métaphore assez difficile à interpréter, mais qu’avec le recul on pourrait traduire par : « ne pas copuler ! ».
Or tout Dieu que vous soyez, il faut croire qu’un de vos projets peut s’avérer imparfait ou que vos créatures réagissent d’une façon imprévue. Ainsi ne voila-t-il pas qu’Adam et Eve, peut-être trop désoeuvrés en ce lieu où manquent la radio et la télévision pas encore inventées, écoutent leurs mauvais instincts, en l’occurrence le serpent qui réussit à tenter la femme. Celle-ci, faible comme il fallait s’y attendre, suggère ensuite à Adam (toutes les mêmes, perverses, etc., etc.), de goûter au fruit défendu. Autrement dit, ils s’intéressent chacun aux zones du corps de l’autre que lui-même ne possède pas jusqu’à ce que, dépassé sans doute par l’événement, ils finissent par s’accoupler. On apprend qu’après cela, ils furent remplis de remords et découvrirent dans la honte qu’ils étaient nus ! ! !
Un coup d’œil vous suffit, on n’est pas Dieu pour rien, pour comprendre qu’ils ont « péché ». Alors comme la plupart des gens qui ont commis une erreur, au lieu de vous en prendre à vous-même vous punissez les innocents, les chassez du paradis, condamnez l’homme à gagner son pain (qui n’existe pas encore) à la sueur de son front, et la femme à accoucher dans la douleur. Malédiction qui durera jusqu’à ce que, lassés par ces stupidités, des médecins mettent au point des méthodes d’accouchement sans douleur !
Ce passage de la Bible est particulièrement intéressant parce qu’il est d’une invraisemblance et d’une incohérence totales, qu’il foisonne d’intentions assez claires qui explicitent son contenu, de jugements sur l’homme et la femme, qu’il jette les bases d’une morale sexuelle, qu’il met en place la notion de « péché originel », ineptie qui servira beaucoup, et qu’il fait, grâce à tout cela, le lit de la prêtraille et autres entremetteurs auprès du Tout-puissant (sic) qu séviront pendant des siècles…
Reprenons tout cela.
Il y avait évidemment des solutions simples, plus logiques et intelligentes, mais qui n’auraient pas servi les desseins et intentions qu’on retrouve dans ce texte. La sexualité, n’a pas d’autre but que la procréation. Si on n’en veut pas, à quoi bon doter ce couple d’organes sexuels. Si on le fait pourquoi s’étonner qu’ils en usent et les punir, puisque c’est fait pour ça ? Stupide, n’est-il pas ?
La nudité, maintenant. Etant les premiers humains et supposés installés dans un cadre agréable, rien pour eux de plus naturel que de vivre ainsi. Après la copulation, pourquoi auraient-ils eu honte d’être nus ? Comment même auraient-ils imaginé de se couvrir ? Mais ce que cela veut nous faire comprendre, c’est que s’accoupler c’est honteux, sale, un péché, qu’il ne faut pas et qu’on doit en être empli de honte ! Le tas d’imbécillités habituelles de la plupart des religions…
On voit aussi dans ce salmigondis que le femme n’a pas le beau rôle. Déjà au départ, créature de seconde zone, ce n’est pas par hasard si le Diable (le serpent) s’adresse à elle : il sait bien que c’est le maillon faible du couple. Plus tard l’Église considérera les femmes comme des pécheresses, des créatures du diable et se demandera longtemps si elles ont une âme ! On sait aussi le sort enviable que font les islamistes à leurs compagnes, dans de nombreux pays.
Et puis il y a ce péché originel. A partir d’une soi-disant ‘’faute’’ (bien malin qui nous expliquera laquelle), commise, parait-il, par le premier couple humain, comment a-t-on pu s’abaisser jusqu’à inventer cette marque aussi grotesque et ridicule qu’inique. Cette tare indélébile qui frappe chaque homme indistinctement dès sa naissance et continuera à les frapper tous jusqu’à la fin des temps ? Quand on pense que des parents font baptiser leurs bambins pour qu’ils échappent à cette horreur, on ne peut dire que ce soit flatteur pour l’humanité !
En fait pour mieux comprendre tout cela, il faut revenir beaucoup plus tôt dans le passé de l’homme.
L’homme s’est radicalement distingué de l’animal le jour où il comprit qu’il était mortel. Les conséquences en furent qu’il mesura sa fragilité, eut une conscience accrue des menaces que représentait son environnement et commença à se demander si la vie s’arrêtait à la mort ou se poursuivait sous une autre forme. Il dut alors imaginer petit à petit qu’autour de lui, invisibles, des forces, une puissance, des esprits, agissaient sur ce qui l’entourait, conditionnaient son avenir et que d’eux dépendait la réussite ou l’échec de ses entreprises.
Parallèlement il chercha à organiser les groupes où il vivait afin d’échapper à la malédiction que faisait peser l’utilisation de la seule force pour régler les conflits. Ainsi chercha-t-il à améliorer le partage de la nourriture et la répartition des femelles en substituant aux combats souvent mortels, notamment lorsque les jeunes arrivaient à la maturité sexuelle, des règles acceptées par tous, qui évitaient le pire.
Malheureusement ces gentleman’s agreements, n’étaient pas toujours suffisants pour faire face à toutes les situations, en particulier quand certaines décisions semblaient injustes aux plus défavorisés ou que les générations montantes ne pouvaient contenir leur impatience de s’accoupler.
Vint alors le temps où certains comprirent que les règles qui régissaient le groupe, seraient d’autant mieux respectées qu’elles ne paraîtraient pas servir des intérêts particuliers mais s’appuyer sur des principes extérieurs au groupe et même d’au-delà de lui. Ainsi le sacré : les forces invisibles, les esprits, etc., faisaient-ils irruption dans la vie sociale pour la structurer. Parallèlement naissait une race d’hommes qui virent très tôt le profit qu’ils pouvaient tirer à se proposer pour servir d’intermédiaires entres les esprits ou divinités et les membres du groupe. En clair, pour traduire, à l’intention du groupe, la volonté des divinités et transmettre à ces divinités les espoirs et souhaits du groupe.
Naturellement, ce schéma très simplifié et rapide ne doit pas faire perdre de vue que toute cette évolution s’est étalée sur un nombre impressionnant de millénaires…
Et ainsi apparurent au fil de temps et selon les lieux : les sorciers, chamans, devins, pasteurs, mages, prêtres, imams et autres qui formèrent dans chaque société un groupe qui décida du contenu de la religion, des règles morales et tabous qu’il fallait observer et fut le plus souvent chargé de punir les manquements à ces principes.
Il devient clair, dès lors, que les livres dits sacrés, qui contiennent l’essentiel de chaque religion, ne sont pas des œuvres inspirées par des divinités, mais simplement des histoires édifiantes inventées par des hommes. Légendes, affabulations, mythes qui servent à définir les règles qu’il faut respecter et la morale qu’on veut imposer. Règles qui, par contrecoup, procureront aux religieux une justification de leur rôle et la garantie, par crainte ou intérêt, que ceux qui sont sous leur influence prendront soin de les entretenir…
Reste aux religieux à trouver quels seront les leviers qu’ils pourront utiliser pour agir sur ceux qui dépendent d’eux et pouvoir exploiter leur crédulité. On comprend que s’ils veulent avoir un rôle permanent, il faut qu’ils trouvent des domaines où ils pourront sans cesse, brimer, réprimer et sévir. Mais ces domaines ne sont pas si nombreux car si l’on veut réprimer il faut qu’il s’agisse de besoins impératifs, et s’il est intéressant, pour garder la main et disposer de moyens de pression, qu’il y ait suffisamment de transgressions, il faut donc que les intéressés soient souvent enclins à braver les interdits. Or dans les espèces animales, homme compris, il n’y a guère que deux besoins qui aient une telle puissance : celui de se nourrir, et celui de s’accoupler. Le premier, pour des raisons évidentes, ne peut faire l’objet de prohibitions prolongées, même si, ici ou là, on trouve certaines restrictions, des interdits ou des jeûnes obligatoires. Par contre pratiquement toutes les religions réglementent la sexualité, multiplient les restrictions, les tabous, les règles de choix des partenaires, les périodes d’accouplement, etc., etc.
Tout cela étant, on le sait, peu, mal ou pas respecté. À commencer par le clergé lui-même qui triche clandestinement pour pouvoir continuer à condamner les autres au grand jour ! Alors les faiseurs de religions continuent à moraliser, les pécheurs se repentent et, avant de recommencer, y vont de leurs oboles pour leur pardon. Les riches sont plus généreux pour qu’on ne les importune pas sans cesse avec ces vétilles. Et tout est pour le mieux dans un monde où les religieux pensent q’ils pourront exploiter éternellement la crédulité des hommes et se faire entretenir, en parfait parasite, aussi bien par ceux qu’ils punissent que par ceux auxquels ils passent tout…
Ainsi il n’y a plus à s’étonner que l’histoire de l’homme commence dans la Bible par cet épisode grotesque d’Adam et Eve. Il ne s’agit en effet pas de décrire un fait réel pas même de faire un récit crédible, mais, tout simplement de jeter les bases d’une morale, de préciser la position de la femme, de faire de la sexualité une activité honteuse, etc.
La lecture de ce livre peut se poursuivre ainsi d’un bout à l’autre de cette façon distrayante, en s’exerçant à en décrypter les buts et à découvrir, non la réalité de ce qu’il raconte, mais les intentions que révèle chaque épisode du récit quand on y est attentif.
On en ferait autant avec le même plaisir en prenant n’importe quel autre livre dit sacré où l’on trouverait, soyons en sûrs, les mêmes ressorts et motivations.
Tout comme avec ce récit qui s’accroche à la Bible pour faire plus sérieux, l’Évangile, par lequel nous allons poursuivre maintenant
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