PIE XII, le NON-PAPE
Quand on considère le nombre ahurissant de sites Internet qui se proposent de défendre Pie XII, on ne peut s’empêcher de penser que cela signifie vraisemblablement que l’intéressé est tout à fait indéfendable…
D’autant plus que l’Église a pour habitude depuis toujours de tout nier, de mentir bêtement, effrontément, contre tout bon sens, et bien inutilement aujourd’hui puisqu‘elle n’a plus les moyens de faire avaler n’importe quoi, comme au bon vieux temps. Ce qui fait d’ailleurs qu’il n’y aura bientôt plus grand monde pour croire aux affirmations, affabulations et explications fallacieuses de la vieille institution.
Et, tout compte fait, il n’est pas plus étonnant de voir défendre avec tant d’acharnement, ce cas désespéré, que d’entendre les mêmes avocats nier, pleins d’une belle indignation, la connivence pourtant indiscutable entre l’épiscopat espagnol et Franco, ou l’amitié sulfureuse entre Jean-Paul II et Pinochet, ou tenter de ramener à quelques regrettables « bavures » le nombre inouï de victimes que l’Église fit durant tant de siècles.
Or lorsqu’on a sous la main un pape qui a pontifié pendant près de vingt ans, il n’est pas particulièrement difficile de dégoter parmi ses discours, quelques extraits judicieusement choisis, des bribes d’encycliques (que d’ailleurs personne ne lit jamais), ou des passages de « L'Osservatore Romano » qu’il parrainait à l’époque, pour parvenir à façonner le florilège qu’on veut et prouver n’importe quoi. Comme d’ailleurs on l’aurait fait tout aussi aisément pour prouver le contraire si besoin avait été ! Et en effet ne doutons pas que si les forces de l’axe avaient réussi à imposer leur idéologie délirante et leur barbarie monstrueuse à l’Europe, on aurait sans peine exhumé des tonnes de documents prouvant que ce pape clairvoyant avait toujours été de ce coté-là…
Mais n’entrons pas dans cet opposition de preuves et de contre preuves qui ne convainquent que ceux dont le lit est déjà fait.
Ce que l’on sait, c’est que nommé nonce, puis cardinal secrétaire d’état en Allemagne où il pressent dès les années trente les deux menaces que doit affronter ce pays, il préférera le « gott mit uns » des hitlériens au matérialisme athée des rouges. Ce qui d’ailleurs peut se comprendre. Il y avait des violences partout, le programme affiché des soviétiques était de supprimer la religion et les solutions les plus radicales du gang nazi n’étaient pas encore mises en application.
Devenu Pie XII en mars 1939, il deviendra évident, dès après la déclaration de guerre en septembre que c’est un non-pape qui avait été élu !
Ceux qui ont connu cette époque ont gardé le souvenir de sa silhouette blanche, irréelle, fantomatique, immatérielle, de cet ectoplasme aux gestes erratiques, d’un être transparent qui semblait ne pas toucher terre, de ses lunettes rondes soulignant une myopie qui ne se limitait pas à sa vision oculaire.
Il adorait les signes surfaits, les symboles éculés de la dignité papale, par exemple la sedia gestatoria dont il fit un usage jugé par beaucoup immodéré… Comprit-il en ces temps troublés qu’il était pape, c'est-à-dire un chef spirituel pouvant avoir s’il le voulait un rôle modérateur et pourquoi pas pacificateur de première importance ? Rien n’est moins sûr.
Curieusement, quand on attaque ce Pie sur son inertie, sa passivité, sa complaisance coupable face au déferlement de la barbarie nazie en Europe, ses défenseurs ne trouvent guère mieux que de se défausser sur Churchill, Roosevelt, Staline et de dire qu’ils avaient des divisions, eux, des avions, des armes, etc., et n’ont rien fait pour retarder et empêcher la solution finale. Par exemple en bombardant les voies de chemin de fer utilisées pour le transport des juifs. Ce qui est une façon perfide d’insinuer qu’un chef spirituel aurait pu apprendre aux hommes d’état comment on doit être Churchill, par exemple, dans l’exacte mesure où ce pontife n’aurait jamais accepté qu’un homme politique lui dise comment devrait se comporter un pape !
Quoiqu’il en soit, ce sont les alliés qui sont venus à bout du nazisme, sans qu’on sache si cela correspondait au vœu sincère de Pie le douzième. On sait aussi que lorsque la guerre prit fin l’Europe, et plus particulièrement l’Allemagne, étaient d’immenses champs de ruines où n’existaient plus aucune infrastructure ferroviaire, portuaires, routière, ponts, etc.
Or on est en droit de penser qu’un chef spirituel, n’aurait-il eu qu’un QI moyen (100) aurait pu analyser le mécanisme des crimes nazis sous des aspects différents et voir s’ouvrir alors d’autres possibilités d’action.
Il suffisait, par exemple de réaliser que pour perpétrer de telles monstruosités il avait fallu d’innombrables participants qui recherchaient les victimes, les comptabilisaient, organisaient leur transport, construisaient des camps d’extermination, formaient le personnel de surveillance, employaient ces prisonniers dans des usines, tant qu’il leur restait un peu de forces, etc., etc. Ceci pour le génocide des six millions de juifs, tsiganes, malades mentaux.
Même chose pour les crimes de guerre. Quand Hitler déshonora l’armée allemande en faisant accepter par ses maréchaux et généraux qu’on extermine à l’Est le maximum d’êtres vivants pour avoir un « espace vital » propre, combien fallut-il d’hommes (les russes eurent vingt millions de morts dont une grande partie en dehors des combats) pour assassiner une telle quantité de prisonniers de guerre ou de civils, au-delà de tout ce qui s’était fait jusque là ?
Or ces centaines de milliers, peut-être plus d’un million d’allemands, qui furent si nombreux à être chacun à sa façon, des criminels, des assassins, des bourreaux, qu’étaient-ils sinon des chrétiens, des « bons » catholiques, des protestants irréprochables ? Doit-on comprendre que le pape, n’ayant ni armées ni avions, ne disposait d’aucun moyen de rappeler à ces hommes les rudiments de la morale, l’amour des autres, le « Tu ne tueras point » ? Qu’il ne pouvait pas tonner et menacer ces croyants des pires sanctions de la religion, s’ils participaient à ces barbaries, ce qui aurait pu avoir un impact considérable ?
Si Pie XII ne l’a même pas tenté, ce n’est pas la prolifération des groupements pour sa défense qui pourra sauver sa réputation.
Mais si ses défenseurs concluent plus généralement encore qu’il était impossible d’agir, ce serait la reconnaissance, par les catholiques eux-mêmes, de la totale inutilité de l’Église. Nous nous ferions bien entendu une joie de les accueillir à nos cotés en cette occasion, car cette conviction est évidemment la nôtre et la serait quand bien même Pie XII ne serait pas devenu pape en 1939 !
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Après la guerre, peut-être pour faire oublier sa passivité et son inefficacité pendant la période dramatique, Eugenio Pacelli décida de jouer au pape.
Et comment être plus pape qu’en faisant dans l’infaillibilité, cette caractéristique ronflante et qui fait rire presque tout le monde, attachée à son magistère lorsqu’il œuvre au nom de la religion.
Donc, après avoir sans doute beaucoup hésité, il arrêta son choix sur le dogme de l’assomption selon lequel, au terme de sa vie terrestre, Marie a été « élevée corps et âme » au ciel. (Voir : Wikipedia article, Assomption).
C’est une chose très étonnante que la catholicité pour l’immense majorité des gens qui ne partagent aucune des fantaisies, énormités et invraisemblances qu’elle distille à longueur de temps. Comment imaginer, ici, que des générations de croyants aient dû se passer pendant vingt siècles de cette précision indispensable, d’une importance extrême et tellement rassurante (on se demande même comment on a pu vivre si longtemps sans), que la vierge (sic) Marie était montée (sic) au ciel dans l’intégralité (sic) de son corps et de son âme ?
Mais inversement, que penser d’un pape qui croit qu’ajouter ce dogme au fatras de ceux qui existaient déjà présentait le moindre intérêt ?
On sait, bien sûr, que les cathos sont des gens point trop sourcilleux en ce qui concerne le contenu de leur religion. Ils s’imaginent par exemple que le mythe de l’immaculée conception est une innovation, ce qui les conforte dans leur crédulité car ils se disent qu’on n’a pas pu inventer un fait aussi exceptionnel. Or s’ils veulent continuer à se bercer de telles illusions, ils ont intérêt à entretenir leur inculture crasse en ce qui concerne les religions des autres, car la vérité est toute autre.
En effet, pendant des siècles avant les chrétiens, dans des dizaines de religions et sur tous les continents c’était quasiment une question de standing pour quantité de dieux ou de divinités annexes, de naître d’une mère vierge. Autrement dit, ce que nos naïfs considèrent comme original n’est guère que l’ultime plagiat d’un schéma éculé depuis belle lurette lorsqu’ils le reprirent enfin à leur compte… Alors, ajouter à cette banalité, le mythe de l’assomption, illumination qui aura mis deux mille ans à traverser l’obscurantisme avant qu’on puisse enfin en être ébloui, c’est pour le moins de l’acharnement fanatico-dogmatique…
Mais il n’y a pas que cela, car, ajouter ce dogme à d’autres qui n’étaient déjà pas tolérés de bonne grâce par tout le monde, n’allait sûrement pas dans le sens d’un oecuménisme bien tempéré.
Faut-il y voir un coup de pied de l’âne aux protestants dont Pie XII doutait qu’ils l’auraient suivi dans sa croisade contre Hitler s’il l’avait décidée ? C’est tout au moins une des motivations (ou excuses !) qu’on lui prête et l’incitèrent, dit-on à ne rien faire. Ce qu’on sait par contre c’est que quand on a tort, ça se fait beaucoup d’accuser les autres.
En résumé, donc, il s’est trompé sur tout : il a choisi le mauvais cheval, il s’est acoquiné avec le grand banditisme pour rien, il a compromis la multinationale qu’il dirigeait inutilement et les grands gagnants ont été ceux qu’il craignait plus que tout, notamment à l’Est !
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Tout cela mis bout à bout, on ne voit vraiment pas ce qui pourrait encore retenir Benoît XVI de faire canoniser de toute urgence un pape à ce point exemplaire !
Une canonisation qui ne ferait, selon nous, qu’accentuer la déliquescence d’une Église déjà moribonde.
Raison de plus de souhaiter que cette nouvelle opération suicide se réalise promptement…
Agnos
Jolie démonstration de ce qu'on appelle un sophisme :
"Quand on considère le nombre ahurissant de sites Internet qui se proposent de défendre Pie XII, on ne peut s’empêcher de penser que cela signifie vraisemblablement que l’intéressé est tout à fait indéfendable"
Ben voilà du raisonnement intellectuel solide ! Avec ça Pie XII peut reposer véritablement en paix.
la réalité c'est que c'est moins les catholiques qui défendent ce pape que les Juifs eux-même - et au moins ceux qui ont connu cet époque : Albert Einstein, Robert Kempner, Marcus Melchior, Elio Taff, Gédéon Hausner , Maurice Perlzweig, Moshe Sharett, Nahum Goldmann, Golda Meir, Pinchas Lapide, Joseph Lichten, Jeno Levai, David Dalin, Sir Martin Gilbert etc.
Je ne résiste pas au plaisir de citer l'ineffable John Cornwell, auteur anti-pie xii notoire :
"Je dirais maintenant à la lumière des débats et des preuves qui ont suivi la parution du "Pape d'Hitler" [ndlr son bouquin qui provoqua l'affliction ou l'hilarité de toute la communauté des historiens], que Pie XII avait tellement peu de liberté d'action qu'il est impossible de préjuger de son silence pendant la guerre, alors que Rome était sous la botte de Mussolini et plus tard occupée par les Allemands."
Et The Economist (9 décembre 2004) de lui porter le coup de pied de l'âne :
"Châtié par l'expérience, M. Cornwell est à présent un bien meilleur biographe."
La réalité c'est que Pie XII n'a nul besoin de défenseur : l'affligeante nullité de ses accusateurs suffit. Ils ne réussissent à démontrer que la vacuité de leurs connaissances historiques, un peu comme sur ce blog.
En résumé, on peut avancer n'importe quoi sur Pie XII, il sera toujours possible de répondre : "peut-être mais Pie XII, lui, a sauvé des Juifs."
C'est un fait objectif, prouvé par d'inombrables témoignages et les archives du monde entier, que chacun peut vérifier et personne de censé contester pourvu qu'il fasse un léger effort d'information. C'est donc un fait, et les faits sont têtus, bien plus que les sophismes.
Rédigé par : Myself | 27 décembre 2007 à 14:31
Suite au commentaire de Myself sur"Pie XII le non-pape :
Le sophisme doit-être la chose du monde la moins bien partagée tant il semble qu'on le voit partout chez les autres et nulle part chez soi !
Je ne relèverai donc pas tout ce qui est contestable ici, me contentant de constater qu'il y a sur terre un groupe ultra minoritaire qui considérera toujours que quoi que fasse un pape, et même s'il ne fait rien, c'est grand, beau, admirable, sublime ; et les autres infiniment plus nombreux, qui reservent leurs louanges après analyse à ceux qui leur semblent le mériter, tout comme leurs critiques à ceux qui les encourent...
Agnos
Rédigé par : Agnos | 28 décembre 2007 à 16:54
Vous faites une confusion entre immaculée conception et virginité de Marie. Immaculée conception veut dire : née sans le péché originel.
Rédigé par : Florence PIGOREAU | 11 mars 2009 à 17:52