BENOÎT XVI… Go Home !
Ces professeurs, une bonne soixantaine, et les nombreux étudiants de l'Université de Rome-I « La Sapienza », qui viennent de… prier le pape de réserver ses discours à ceux que cela pourrait encore intéresser, s’il en reste, viennent de nous offrir une satisfaction d’une rare qualité. Une bonne claque aux petites mauvaises odeurs… de sainteté
« Sa Sainteté », c’est en effet ainsi qu’en toute humilité et modestie chrétiennes, elle (la sainteté en question) souhaiterait qu’on la considère, a donc été déclarée persona non grata, et contrainte à rester au chaud dans les 44 ha de sa modeste demeure !
En représailles, SS. (Sa Suffisance) a commis d’office un affidé pour lire le discours prévu devant un groupe de béni-oui-oui (on ne saurait mieux dire) chargés de faire la claque et de laver l’affront. On ne sait si le laïus a été apprécié par ceux qui avaient pour mission de l’écouter, mais ce qu’on sait c’est qu’ailleurs tout le monde s’en est, disons-le, papalement foutu, si tant est qu’il s’en soit trouvé pour le lire !
Bien entendu ce mimodrame à réjoui un peu partout une multitude de démocrates, républicains, laïques et autres athées qui n’apprécient guère les ingérences répétées et illégitimes de la prêtraille en général et de leur PDG en particulier, dans des domaines hors de leurs compétences ou de leur contrôle. D’autant que ces bons apôtres, par leurs manquements, travers, vices et délits variés se disqualifient eux-mêmes pour le rôle de donneur de leçon qui exigerait au moins, pour qu’ils puissent prétendre l’exercer, sinon qu’ils soient irréprochables, au moins de posséder quelques vertus morales…
De façon tout-à-fait prévisible, il y eut aussi bien sûr le concert habituel des pleureuses de service, des bien pensants, culs serrés et inconditionnels zélés qui, quoique fassent l’honorable société (l’Église) et son « père », qui accepte (avec la même admirable simplicité), d’être dit « saint », s’arrachent les cheveux et lacèrent leurs vêtements dès qu’on critique ou conteste ce système ou ses représentants.
Parmi ceux qui, en dehors de ces « pros » de la jérémiade, ont cru utile de se prononcer contre le camouflet infligé à la sainteté en question, il y eut d’autres universitaires, des hommes politiques, dont quelques uns de gauche, des représentants de médias dont certains plutôt à gauche également, etc., etc. Autrement dit des motivations en partie compréhensibles mais d’autres pas très claires et presque contre-nature. Peut-être chez quelques-uns le souci politique ou clientéliste de ne pas se mettre à dos, la frange de ceux qui dans leur orbite croient malgré tout encore aux billevesées dont B. XVI est actuellement le principal colporteur !
Par contre la réaction de ceux qui ont jugé inopportune cette visite papale est d’une très grande clarté. Ils n’ont pas oublié que l’Église, non seulement n’a jamais été à l’origine, mais s’est au contraire toujours opposée à tous les progrès : scientifique, intellectuel, philosophique ou social. Ils constatent aussi que non content d’avoir obtenu son indépendance territoriale grâce aux accords de Latran, ce pape aimerait aussi revenir aux temps ‘’bénis’’ de Mussolini où le catholicisme était resté religion d’État en Italie et où ses symboles : crucifix et autres grigris, trônaient dans les lieux publics.
Sans doute n’ont-ils pas oublié non plus que M. Ratzinger en 1990 n’avait pas craint de déclarer à Parme :
"A l'époque de Galilée, l'Eglise était restée beaucoup plus fidèle à la raison que Galilée lui-même. Le procès contre Galilée fut raisonnable et juste."
Ce conservatisme archaïque et borné qui caractérise le personnage n’en faisait pas, on le voit, un messager vraiment idéal pour s’exprimer dans des lieux destinés à la pensée, aux études et à la recherche scientifique. Rappelons au passage que Jean-Paul II au nom de son institution, avait réhabilité Galilée et reconnu les torts de l’Église ! Exemple supplémentaire d’opposition radicale du tenant actuel du titre avec son prédécesseur. D’ailleurs il ne restera bientôt plus rien de ce que le défunt pape avait tenté de mettre en place pour essayer de sauver sa firme. Ce qui nous conduit à nous demander si le suivant a été choisi par ses pairs parce qu’il était, sur le plan humain, la parfaite représentation de la décrépitude et du délabrement de son entreprise et, en conséquence, le mieux qualifié pour la liquider…
Toutefois, que notre homme soit en train de saboter le vieux rafiot en s’imaginant qu’il prend les mesures qui conviennent pour le sauver ne plaide certes pas pour sa clairvoyance, mais c’est son problème et celui de ses mandants, pas le nôtre. Par contre pourquoi nous priverions-nous d’observer d’un œil amusé la « Kolossal » accélération, grâce à ses bons soins, de la déliquescence d’un système dont la décadence avait commencé, il est vrai, bien avant que le vieil homme n’en prenne les rênes.
Mais revenons à notre propos.
L’honnêteté nous conduit à admettre qu’en démocratie, chacun devrait pouvoir s’exprimer en toute liberté. Mais le problème est que l’Église, qui n’aimait rien tant que l’époque où elle pliait le monde à sa loi, sans le moindre souci de liberté pour les autres, utilise au mieux de ses intérêts les facilités offertes par les nouveaux régimes, mais ne conçoit même pas qu’elle pourrait être tenue à la réciprocité.
Or s’exprimer librement signifie que toutes les opinions jouissent de la même possibilité de se faire connaître et pas que l’une d’entre elles bénéficierait du droit exorbitant d’émettre des avis et points de vue sans qu’il soit possible de lui en opposer de contraires.
Pourtant, quand ce brave Ratzinger prétend donner des leçons de morale à MM. Zapatero, Luba ou autres sur la façon dont ils devraient traiter leurs problèmes de société : couples homos, adoption d’enfants, IVG, etc., accepterait-il qu’on vienne déclarer haut et fort chez lui que, bien qu’il déclare l’homosexualité incompatible avec la prêtrise, il y a, il le sait, beaucoup plus de gays dans son personnel que n’importe où ailleurs (sauf en prison) vérité sur laquelle il ferme pieusement les yeux ; ou qu’on insiste sur son entêtement ridicule concernant le célibat des prêtres en sachant qu’aucun des siens ne le respecte ; ni, moins encore, qu’on lui rappelle que non seulement il y a au sein de son ‘’corps d’élite’’ des milliers de pédophiles jugés ou en procès, mais qu’il existe dans l’Église des consignes internes très strictes pour cacher ceux qu’on découvre lorsque c’est possible, afin que le bilan ne soit pas encore plus effrayant. Ce qui conduit à constater au passage qu’aux crimes sexuels des uns s’ajoute celui de complicité d’autres, des évêques par exemple, d’autant plus compréhensifs et accommodants qu’eux-mêmes, souvent, ont failli…
Poser le problème ainsi revient à se demander comment ces citoyens parviennent, sinon par des reflexes inspirés plus du fascisme que de la démocratie, à trouver normal de fourrer leur nez partout où ça les chante, mais à protester, glapir et pousser des cris d’orfraie dès qu’on met en lumière leurs propres turpitudes ou qu’on rappelle les monstruosités, actes barbares ou crimes qui constituent quoiqu’ils disent, l’essentiel de leur histoire.
On sait qu’une des grosses ficelles de ces petits plaisantins consiste à prétendre qu’ils sont une puissance spirituelle.
Puissance, c’est beaucoup dire. Quand Rome estime la population qu’elle prétend influencer à un bon milliard d’individus, ce n’est même plus une énormité ou de l’invraisemblance, c’est un signe de crétinisme délirant que personne bien sûr ne peut prendre au sérieux. Il suffit d’ailleurs d’observer la façon dont vit le monde occidental pour réaliser qu’une telle affirmation n’est rien d’autre que de l’imbécillité à l’état pur.
Si par contre on veut faire une évaluation un peu sérieuse de cette influence et pour cela ne prendre en compte que ceux qui, tout à la fois : prient, suivent les offices, pratiquent les sacrements, observent les règles morales (notamment sexuelles) édictées par les instances romaines, et croient dur comme fer au contenu de la bible, des évangiles et des textes qui les complètent, on fait sans doute encore un cadeau très généreux à ces gens en estimant que de deux à quatre pourcents des hommes satisfont réellement à l’ensemble de ces critères ?
Question : qu’est-ce donc qui permet à des gens qui n'ont d’autorité que sur un aussi faible effectif, de parler comme s’ils bénéficiaient d’un assentiment général ? Réponse : le mensonge, le bluff et le culot !
Quant à la spiritualité, l’Église n’en parle que pour faire diersion quand on se mêle d’exiger de son personnel qu’il donne l’exemple, qu’il pratique lui-même ce qu’il veut imposer aux autres et commence déjà par respecter ses promesses les plus solennelles ; mais aussi lorsqu’on demande à cette organisation de reconnaître ses atrocités et les innombrables victimes qu’elle fit à travers toute l’Histoire ; ou encore si l’on ose la mettre au défit de nous fournir des preuves irréfutables de ses assertions sur l’historicité de son idole. Chose, entre parenthèse, qu’elle n’a jamais été capable de faire ce qui a pour conséquence que ceux qui ont un peu d’esprit critique ne voient dans cette histoire qu’une invention de la plus haute fantaisie…
Toutes questions essentielles auxquelles l’honorable société, compte tenu de notre libre accès à la connaissance et à l’information, se trouve aujourd’hui dans l’incapacité de répondre avec le moindre argument convaincant !
Et on sent bien que ce recours à la spiritualité ou à la liberté de croire, n’est qu’un rideau de fumée, un dernier rempart grâce auquel elle tente désespérément d’échapper aux ignominies de son histoire, à ses turpitudes passées et présentes et aux incohérences de sa doctrine Un artifice, on peut le penser, qui ne la protégera évidemment plus très longtemps.
Cela étant, pourquoi un pape, fut-ce un Benoît XVI, pourrait-il étaler ses salades habituelles dans un centre intellectuel, sans qu’un de ces intellectuels puisse aller arborer les siennes chez lui ? En résumé la règle est très simple et valable pour tout le monde : dialogue et contestation, OUI ; propagande, baratin et sermons unilatéraux, NON.
Mais ne rêvons pas. Cette réciprocité l’Église ne peut l’accepter car elle aurait tout à y perdre. En effet, si chaque fois qu’elle entreprenait de donner des leçons, ce qui est son passe-temps favori, on mettait an avant ses propres vices, tares et parfois crimes, elle devrait renoncer à cette distraction, et d’autant plus vite qu’elle se sait bien incapable de mettre de l’ordre dans sa propre boutique.
Mais à défaut que la contestation ait lieu au niveau le plus élevé car des raisons d’état, des règles diplomatiques et des considérations politiques ne le rendent pas vraiment aisé, il est possible d’utiliser avec efficacité d’autres moyens.
Si en effet les médias, au lieu de se complaire trop souvent dans une passivité inacceptable, jouaient totalement le rôle d’information et de contestation qui est le leur ; s’ils prenaient soin d’opposer à tout ce qui est contestable dans le discours clérical ce qui est le plus critiquable ou condamnable dans la pratique ordinaire des cléricaux ; s’ils veillaient sans concession au respect de l’histoire, c’est-à-dire à ce qu’on ne nie pas des faits avérés ou qu’on n’affirme pas des faits qu’on ne peut prouver ; alors l’ensemble de ce problème s’en trouverait considérablement éclairci.
Ceux qui croient en Dieu ne verraient évidemment aucun changement : le respect des croyances étant l’un des premiers droits de la laïcité. De même pour ceux qui s’imaginent que Jésus a réellement existé, ils pourront bien sûr partager cette conviction avec leurs coreligionnaires, mais seront tenus comme tout le monde au respect de l’Histoire et à ne pas essayer de présenter comme une vérité établie la mythologie qui entoure la vie plus qu’hypothétique de leur idole !
Qu’il se contente de se distraire avec ses gadgets préférés : les habits chamarrés, dorés, rutilants qui rappellent la puissance depuis longtemps perdue de l’Église et à laquelle il est le dernier à croire ; son troupeau de cardinaux, ces manchots empereurs qui tournent autour de lui dans les grandes circonstances comme sur une banquise ; ses déguisements grotesques où il semble chercher par autodérision à se rendre le plus ridicule possible, non sans succès, il faut le reconnaître !
Qu’il suive ce conseil car si en réaction aux dérives répétées de cette religion, et comme de nombreux indices le font supposer, les démocrates, les partisans de la liberté et les laïcs réagissent dans un proche avenir avec la vigueur souhaitable à tous ces abus, mensonges, privilèges, ingérences, mépris des lois et des règles, alors les jours de la catholicité seront comptés. Alors, cette institution, dont seuls quelques soubresauts font encore croire qu’il y reste un peu de vie, finira par laisser place à une vague secte que, pour le plus grand bien de l’humanité, il eut été préférable qu’elle n’ait jamais cessé d’être…
Agnos
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