LOURDES, une machine infernale...
Posons le problème ainsi : il y a sur terre au moins 95% des gens qui ne croient pas au petit Jésus, ni à la sainte vierge, pas plus qu’à l’immaculée conception ou à la légende qu’on a mise au point pour que les grands-mères endorment leurs petits-enfants, le soir.
Alors on peut comprendre qu’accepter en outre qu’à Lourdes, au cours du dix-neuvième siècle, il y ait eu cette apparition bizarroïde qui ressemble à un lapin qu’on sort d’un chapeau, cela demande un surcroît de crédulité qui outrepasse ce que bon nombre de croyants eux-mêmes sont en état de supporter… La plupart des gens y voient donc une arnaque et les moins virulents une belle affaire commerciale. Juteuse, certes, mais commerciale de bout en bout, et rien d’autre.
D’ailleurs étant donné que nous sommes dans le domaine des croyances, et des pires puisqu’il s’agit d’apparitions, inutile de préciser que les défenseurs de cet épisode n’ont aucune chance de prouver qu’une telle élucubration, qui repose sur l’irrationnel, l’au-delà et se fonde sur une hallucination, elle-même par nature invérifiable, pourrait avoir la moindre consistance !
Autant dire que l’incrédulité a encore de beaux jours devant elle…
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(Avertissement : ce qui suit n’est qu’une hypothèse destinée à une recherche d’explication et ne prétend pas à la vérité historique, même si certains points pourraient être confirmés. On eut aimé que ceux qui mirent au point la version ‘’officielle’’, aient pris autant de précautions…)
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Cherchons donc une interprétation plus rationnelle, logique, acceptable, qui expliquerait mieux que cette fable qui ne rime à rien, qu’on en soit arrivé à cette dérive qui consiste à leurrer des gens déjà cruellement éprouvés, à en faire sans scrupule une source de profit et en outre à enlaidir toute une région.
Le père de Marie-Bernarde Soubiroux, (elle-même plus connue sous le nom de Bernadette Soubirous) était, on glisse généralement là-dessus, plutôt… alcoolique.
Elle, illettrée et même parfaitement inculte, incapable dit-on de comprendre plus de trois mots ou de s’expliquer, ne réussit même pas à assimiler le catéchisme dont on sait pourtant qu’il ne demande aucune intelligence mais seulement quelques dons de rabâchage ! Elle dira elle-même qu’elle « avait été choisie parce qu’elle était la plus ignorante » (voir Wikipedia).
Supposons qu’elle soit réellement allée dans la grotte voisine, ce qui aurait déclanché toute cette histoire. Mais pourquoi ?
Par hasard, et y perdit-elle la notion du temps au point de se sentir coupable d’un long retard ? Ou encore attirée par un galopin du voisinage, à moins qu’elle n’en ait trouvé un là, par hasard, sans savoir qu’il y était déjà. En ce cas il aurait pu y avoir quelques uns de ces gestes enfantins qui peuvent troubler les fillettes, surtout plutôt demeurées, comme il appert que Bernadette était... Un sentiment de faute de cette nature pourrait d’ailleurs très bien être à l’origine de son trouble et de sa totale incapacité à s’expliquer, d’autant qu’on sait que ce n’était pas son exercice favori...
Dans un cas comme dans l’autre, éprouvant sans doute le besoin de se disculper devant le curé et de justifier son retard ou son trouble, elle dut être si confuse qu’au lieu de réussir à s’expliquer, elle lui mit surtout la puce à l’oreille.
Elle déclara par exemple, qu’elle avait été éblouie dans la grotte, qu’elle avait vu une grande lumière, qu’elle n’avait pas vu le temps passer… Quoi d’autre.
Le curé soupçonna peut-être quelque incartade enfantine, mais tout cela était si nébuleux qu’il lui vint sans doute des idées.
Supposons, pour la beauté de l’hypothèse, que ce prêtre ait été, comme nombre de ses confrères, manipulateur et cupide. Il réalisa sans doute qu’on pouvait faire dire n’importe quoi à cette simplette et qu’en outre elle serait incapable de révéler la vérité, si anodine ou coupable qu’elle soit ! Alors il commença à façonner une vérité sur mesure.
La fillette parlait de lumière et d’éblouissement, il chercha à lui faire dire :
- Il y avait une dame, aussi…
- Heu…, non, pas d’dame
- Mais si une dame en blanc…
- Non… J’crois pas…
Elle finit par se dire qu’il devait avoir raison. Il continua :
- La dame t’a parlé.
- e’m’a rien dit, non…
Et ainsi de suite avec patience et entêtement jusqu’à ce que la pauvre ait assimilé les trois ou quatre points qui serviraient de base à une entreprise prometteuse. Pas pour la simplette qui ne pourra faire moins que de se laisser enfermer dans un couvent où elle mourra âgée d’à peine trente cinq ans.
Petit à petit, la crédulité faisant le reste, les gens du village eurent vent de l’affaire, on cru même à quelques guérisons, et peu d’années plus tard des ecclésiastiques du niveau du dessus, ayant compris l’intérêt (sic) que l’invention présentait (on sait qu’en Droit, on appelle inventeur celui qui a découvert un trésor…), validèrent l’apparition. On aurait en effet validé à moins.
Le tour était joué !
Ceci n’est qu’une hypothèse, mais reconnaissons-le, parfaitement plausible. On pourrait, bien sûr, en trouver d’autres, possibles elles aussi. Par exemple un coup de chaleur, un trouble passager de la vue, ou même rien, simplement du cafouillage, des balbutiements, de l’incompréhension, et, coté clérical, de l’imagination et du savoir faire… On est loin il est vrai de la sainte vierge et de toute le montage qu’on a mitonné à partir de là. D’ailleurs on peut même se demander si, parmi les ecclésiastiques, il en est beaucoup pour croire à une telle invention. Pour l’affirmer afin de faire marcher les affaires, oui. Mais Y CROIRE vraiment ?
Malheureusement, à partir de cette création ex nihilo, la machine infernale s’est mise en branle.
On construisit une basilique bizentino-romane, ou romano-bizantine, qu’on aurait pu oublier dans une banlieue quelconque, mais qui défigurait définitivement une splendide vallée des Pyrénées. On parla de guérisons miraculeuses pour faire monter la mayonnaise et l’on eut bientôt en effet, périodiquement, ce flot très particulier de chaises roulantes, de gens plus ou moins handicapés, de brancards, de ceux qui, abusés par des espoirs mirifiques, finissaient par croire qu’arrivant culs-de-jatte à Lourdes, ils repartiraient sur de bonnes nouvelles jambes !
Le problème des miracles, est d’ailleurs à lui seul tout un poème.
Depuis que cette regrettable entreprise a débuté, on constate que petit à petit, il y a de moins en moins de miracles. Ce qui ne signifie pas que la grâce mariale s’exerce avec plus de parcimonie, mais tout simplement que les contrôles sont de plus en plus sérieux… Il y a donc de moins en moins de simulateurs, de soi-disant guérisons un peu commodément classées miracles pour faire marcher le commerce et autres fantaisies qui étaient pratiquées autrefois. On reverra, pour rire, à ce sujet, « Le Miraculé » de J-P Mocky.
On sait d’ailleurs qu’il y a dans tous les hôpitaux, des guérisons qui étonnent les médecins eux-mêmes. Mais comme le disait l’un d’entre eux avec beaucoup de mesure : « Une guérison miraculeuse est tout simplement une guérison qu’on n’a pas su ou qu’on ne sait pas encore expliquer… » Constat qui ne saurait réjouir un ecclésiastique. Mais un médecin est un scientifique et son rôle n’est pas d’endormir les foules…
En fin de compte on ne recensera bientôt plus ces miracles qui ne sont que des effets de bateleurs. Par contre on peut regretter qu’il n’y a pas de statistiques sur les malades contaminés, et dont certains ont dû trépasser, après être passés dans la fameuse piscine dite ‘’miraculeuse’’. Une cuvette où la concentration en staphylocoques, streptocoques, résidus de furoncles, squames, pustules et autres cultures appétissantes, ont fait de ce lieu et de loin, le plus toxique au monde. Mais ceux qui sont contaminés, au lieu de se lever au pied des Pyrénées et de brandir leurs béquilles comme s’ils étaient guéris, repartent chez eux et meurent bizarrement, de façon inexpliquée, sans qu’on pense au miracle ni à louer la vierge Marie !
Les espoirs fallacieux entretenus par des ecclésiastiques pas trop délicats dans le but d’améliorer les finances du clergé local, finirent par provoquer un engouement qui contraignit les promoteurs de l’opération à passer du stade artisanal au stade supérieur et à adopter une organisation industrielle.
Ainsi planifia-t-on des périodes où auraient lieu les grandes rencontres et les cérémonies qui iraient avec. Il fallut aussi prévoir des trains spéciaux, des convois sanitaires, des ambulances, des brancardiers, des escouades de médecins, etc., etc.
Défilent sur le site, aux alentours de quatre millions de ‘’visiteurs’’ par an soit moitié moins que ceux qui passent à la tour Effel, et le quart de ceux qui vont à Venise.
Le terme de visiteur est choisi ici pour sa neutralité car l’Église voudrait bien faire croire qu’il s’agit de pèlerins là où nous verrions principalement des touristes.
En vérité, il y a, évidemment des malades, dont nombre d’entre eux qui, hors toute foi, se raccrochent à n’importe quoi dans l’espoir d’améliorer leur sort. Ce qui n’est d’ailleurs pas critiquable, mais pathétique. Il y a aussi des croyants, malades ou pas, dont la présence, comme celle des précédents est la plus compréhensible. Il y a également des curieux dont certains, bêtement, espèrent peut-être voir un « miraculé » sauter à la corde… Il y a sans doute aussi des voyeurs dont l’impression de santé sera renforcée de contempler les souffrances des autres. Comme on sort soulagé d’être vivant après avoir assisté à une cérémonie funèbre !
Et il y a bien sûr des touristes. Ceux qui ne passeraient pas à proximité de Florence sans un détour par le Ponte Vecchio, à Bénarès sans aller voir les ablutions des hindous dans le Gange, ou à Anvers sans entrer dans le superbe Zoo. Dans quelle proportion ? Sans doute assez forte car ce qu’on sait, à défaut de plus de précision, c’est qu’il y a de plus en plus de touristes, de moins en moins de croyants et certainement de moins en moins de gens qui, ne trouvant pas de solution médicale, la science améliorant chaque jour son efficacité, devraient se rabattre sur ce genre d’espoir insensé. Cette approche n’est évidemment pas celle des ecclésiastiques mais c’est parce que, contrairement à eux, nous cherchons à comprendre les problèmes et pas à torturer la vérité pour lui faire dire ce qu’on souhaiterait…
Enfin, au niveau de l’intendance, il y a la ville de Lourdes elle-même. L’épreuve la plus dure après le choc de la basilique !
Toutes ces infrastructures touristiques : hôtels, restaurant, petits commerces, office de tourismes, excursions, noms des rues, etc., tout est consacré aux bondieuseries et aux personnages centraux de la mythologie proposée. Quant au commerce, il est dédié avec une insistance démoralisante, aux souvenirs d’une laideur extrême, à ces milliers de statues de toutes les tailles, dont certaines s’allument et clignotent, d’autres qui, peut-être parlent…, à cette eau miraculeuse, vendue en flacons plus ou moins grands pour en profiter (sic) de retour chez soi, à ces étals où l’on trouve pêle-mêle des médailles, des amulettes, de gris-gris, des chapelets, des images, et toute cette bimbeloterie affligeante qu’on raillait, il n’y a pas si longtemps, comme étant le symboles des mentalités primitives, dans l’équivalent qu’on achetait alors à des sorciers en Afrique, pour rapporter chez soi afin d’amuser ses amis… Et puis ces hôtels fort opportunément baptisés : de la Vierge, de Marie, du Rosaire, de l’enfant Jésus, de tout ce qu’on voudra ayant un rapport avec la légende. On peut même imaginer que si l’on accomplit le devoir conjugal avant de s’endormir, on a droit au scintillement d’une vierge en plâtre pendant qu’on essaie d’oublier tout cela !
On raconte que Jésus un jour chassa les marchands du temple… On peut se dire que s’il existait, et tout Dieu de père en fils qu’il serait, il renoncerait certainement à faire le ménage dans un tel capharnaüm !
En résumé, on ne peut plus aujourd’hui que chanter :
« Qu’elle était belle ma vallée… »
… et constater les dégâts.
Au départ des gens dont rien ne prouve qu’ils crurent eux-mêmes à cette apparition mais qui imaginèrent au moins, l’intérêt qui pouvait naître, ne serait-ce que localement, de cette incertitude bien mise en valeur.
Les éléments de base, fournis par la simplette, devaient être si confus, inconsistants, imprécis et peu signifiants, qu’il fallut certainement pour en tirer quelque chose, se livrer à un travail aussi ardu et délicat que celui qui consiste, en partant d’un petit bout d’os trouvé dans la nature, à reconstituer le squelette de tout un tyrannosaure ! Autrement dit il fallait quand même un brin de talent pour réussir, à partir des ânonnements d’une gamine peu douée pour la communication, à aboutir à cette histoire qui a dupé, bien sûr, les habituels crédules mais a trompé aussi combien de malades prêts à se raccrocher à n’importe quoi ?
Nos promoteurs réalisèrent-ils alors qu’en mettant en avant cette source prétendument miraculeuse, dont la principale originalité n’était pourtant rien d’autre qu’être de l’eau jaillissant de la montagne…, ils allaient donner des espoirs fallacieux et de ce fait pernicieux à tous ceux qui imagineraient que leurs souffrances avaient de bonnes chances de diminuer ou de disparaître s’ils se rendaient à ce pèlerinage ?
Plus tard quand il devint évident que cette mise en scène judicieuse était devenue le succès commercial que l’on sait, il ne serait venu à l’esprit d’aucun prêtre, et encore moins d’un prélat d’un grade élevé, de tempérer un peu les ardeurs pour éviter de trop nombreuses déceptions.
Par contre ils se fendirent de ces discours lénifiants et parfaitement inutiles, dont ils ont le secret depuis toujours, pour faire comprendre aux intéressés que ce qui comptait avant tout, c’était la prière, la foi, la rencontre avec Dieu, les retrouvailles avec Marie etc. Des discours tellement basiques qu’on pourrait les écrire à leur place. L’essentiel étant, ils s’en défendraient on peut l’imaginer, que ne se tarisse surtout pas la source, (miraculeuse celle-là), d’€uros et autres devises que leur procure le système…
Tout le monde sait bien que toute cette belle mécanique est loin d’être la seule de son genre.On trouverait au contraire partout dans le monde des montages du même type, qui se donnent une structure spirituelle mais dont à l’évidence le but n’est autre que remplir les caisses de leurs promoteurs. Des promoteurs qui ne savent, quand on met en cause la pureté de leurs intentions, que se retrancher derrière le droit sacré à la croyance. Mais c’est parce qu’ils n’ont pas compris qu’ils peuvent croire ce qu’ils veulent et s’en convaincre entre eux, mais qu’à partir du moment où cela vient sur la place publique, a un impact sur la communauté en général, ou est en contradiction flagrante avec la vérité, il n’y a pas de raison que nous acceptions en silence leurs élucubrations, ce qui nous en rendrait complice,.
Pour ce qui est du rapport entre ces belles histoires et la vérité, nous ferons un jour un détour vers Turin. Ça vaut le déplacement. Pas pour admirer la si précieuse relique ( ! ), mais pour montrer jusqu’où peut aller la duplicité du clergé lorsqu’il ne considère que ce que la crédulité de ses ouailles lui rapporte !
Agnos
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