Ou : de la compassion… papale.
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Dès qu’on commença à voir le nouveau pape à la télévision, après sa nomination, un jeune garçon de 8 ou 9 ans fit cette remarque d’une rare finesse :
- Je l’aime pas, il a des petites dents…
Ainsi traduisait-il le malaise qu’il éprouvait et ce qu’il ressentait d’inquiétant et de menaçant dans le personnage, comme s’il avait été devant un crocodile ou un squale !
On ne saurait lui donner tort. D’ailleurs, pour fonder notre propre opinion, comparons tout simplement les physionomies de Jean-Paul II et de son successeur.
D’un coté, le premier : visage ouvert, franc, détendu, naturel, plutôt souriant malgré une charge qui se veut sérieuse.
De l’autre un visage fermé, un être qui parait sec, crispé, qui sourit sans qu’on y croie et donne une impression d’entêtement et de cruauté latente. Toutes choses que confirment d’ailleurs les actes de ce pontife sans rien qui nous donne la plus petite indication qu’il y aurait chez lui un peu de compréhension, de compassion ou de tolérance.
A la fin de l’année dernière, un italien, Piergiorgio Welby, défraya la chronique de son pays, parce qu’il demandait à la justice d’autoriser les médecins à débrancher son appareil respiratoire.
Atteint depuis longtemps de dystrophie musculaire, dégénérescence progressive des muscles, il ne pouvait plus marcher ni se nourrir et était depuis 1997 sous assistance respiratoire et nourri pas sonde. Sa vie étant ainsi devenue un vrai calvaire qu’il ne pouvait plus supporter.
De nombreux magistrats étaient, par humanité, plutôt enclins à accéder à cette demande, mais le juge ne l’autorisa pas car la loi ne le permettait pas. Une décision de justice ne pouvant découler que de l’application de lois existantes et les lois italiennes, comme celles de nombreux pays, n’ayant pas encore réglé ce problème.
Pourtant il semble qu’un médecin désactiva l’appareil respiratoire, mettant ainsi fin à l’agonie du malheureux le 20 décembre 2006.
Le défunt avait exprimé, avec sa volonté de mourir, le désir d’une cérémonie religieuse, sa famille étant, comme lui, catholique et sa mère très pieuse.
L’Église, ce qu’on peut traduire par : Benoît XVI, refusa parce que l’intéressé avait souhaité mettre fin à ses jours…
Dans son prêche de Noël, notre pontife se pencha longuement sur ce bon Jésus si mignon dans ses langes, dont on fêtait une fois de plus la naissance. Du moins cherche-t-on à nous faire croire à cette fable avec une insistance têtue depuis trop longtemps. Il tonna au passage contre l’aspect commercial de cette commémoration sacrée (sic), ne semblant pas comprendre que, comme Halloween, sans le moteur des affaires, il y a beau temps qu’on aurait oublié cette légende ! Par contre, négligence sans doute, il oublia d’évoquer ce qu’il y a d’outrageusement commercial à Lourdes, Lisieux, Turin, Rome ou ailleurs. Mais là, il est vrai, c’est beaucoup plus sérieux, il s’agit de fric qui entre dans les caisses de l’Église…
Au passage il se fendit de quelques mots concernant le malheureux Welby.
Il dit que ce n’était pas bien de se suicider. Que cela portait atteinte au bien le plus précieux : la vie, et que l’euthanasie était un attentat contre la paix ! Tel que.
Bien sûr, cela laissait supposer que huit croisades, la répression des hérésies, l’inquisition, les guerres de religion, le mutisme de Pie XII face aux crimes nazis etc., étaient les actes charitables, pleins de générosité et symboles d’un amour du prochain jamais pris en défaut…
Comment le PDG d’une multinationale doté d’un passé aussi calamiteux peut-il, dans un même mouvement, passer sous silence les innombrables crimes et atrocités commis par sa firme pendant toute son histoire et refuser un minimum de compassion à un homme dont on a peine à imaginer les souffrances.
D’autant plus que ce même pape, et des nuées d’ecclésiastiques avant lui, nous bassinent depuis deux mille ans pour nous faire pleurnicher sur un « sacrifice » dont on ne parvient même pas à voir, eut-il existé, ce qu’il aurait bien pu avoir de remarquable ou d’exceptionnel. Sacrifice qui se serait en effet soldé, si réel il avait été, par une agonie d’une petite paire d’heures s’achevant par une asphyxie. Démesure, donc, tout à fait incompréhensible quand on sait que la plupart des hommes subissent des agonies bien pires, qu’il en est même d’innombrables qui connaissent des tourments cent ou mille fois plus horribles, au premier rang desquels bien sûr, ceux qui passèrent entre les mains de nos bons apôtres dans ces temps bénis où ils se délectaient d’infliger, avec la charité qui convient, les pires tortures et le bûcher !
Alors, que le même Joseph Alois Raztinger perde son temps à vouloir nous convaincre de la réalité des souffrances de son héros de confection et demande à un martyr (un vrai, celui-là), de continuer parce que cela choque son Église qu’on ose ne serait-ce que formuler le souhait que cela cesse, c’est tout simplement ce que dans les « Guignols de l’info » de Canal+ on appelait du ‘’foutage de gueule !’’
Il avait pourtant là une belle occasion de faire croire qu’il n’était pas dépourvu de quelques traces d’humanité. De nombreux catholiques et la famille de l’intéressé auraient été sensibles à cette compréhension, à un geste charitable qui n’aurait sûrement pas ruiné les fondements de la catholicité menacée par des problèmes autrement plus sérieux que celui-là. Mais il semble que ce pape soit plus à l’aise dans la richesse et le prestigieux que dans l’humanitaire, ainsi qu’il l’a démontré en juin 2005 en bénissant, tout frais émoulu pape, un parterre de Ferrari place saint Pierre…
Bien sûr aucun pape, celui-ci moins que d’autres, ne réagit qu’en vertu de seuls critères moraux ou humains. On l’a vu avec le comportement de Jean-Paul II lors du génocide des tutsis !
Non un pape, ça a des visées, une ambition, une politique, des objectifs, une clientèle à satisfaire. On peut en conclure qu’ici M. Ratzinger, (alias Benoît XVI) a tenu à montrer sa fermeté au niveau des principes, à ceux des siens qu’il désirait gâter : ses intégristes, traditionalistes, ceux qui sont les plus rétrogrades, ultraconservateurs, sectaires et intolérants.
Autrement dit en se déconsidérant ainsi il ne satisfait parmi cette faible minorité que sont les catholiques dans le monde, qu’une infime partie d’entre eux, soit une minorité de minorité : autant dire pas grand-chose, d’exaltés, d’obscurantistes de fanatiques, et d’attardés. Ce qui nous autorise à penser qu’agissant de la sorte il accélère sans doute la faillite de sa propre entreprise, chose qui ne saurait évidemment nous déplaire…
Comment ne pas voir dans tout cela un symbole fort que, tout compte fait, c’est sans doute lui le suicidaire.
Cela étant il y a au moins une chose qui se confirme à travers les âges c’est que la vérité sort de la bouche des enfants ! Il suffit de parvenir à l’interpréter…
Agnos
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