Il existe, une règle informulée mais à laquelle tout le monde se soumet comme si elle était gravée dans la pierre, c’est que quand on aborde les problèmes d’une religion, ceux de la catholicité par exemple, on doit le faire avec un minimum de sérieux et de respect. Or pourquoi ne contesterait-on pas cette règle en arguant qu’elle favorise le camp religieux, qu’elle n’est qu’une résurgence de la vieille prépondérance cléricale et que si l’on veut des confrontations équitables rien ne peut remplacer l’utilisation par chacun des arguments qui sont en conformité avec son propre système de référence. Ainsi les cléricaux plaideraient-ils en raisonnant à partir du sacré qui est le leur, tandis que leurs opposants traiteraient les mêmes éléments de façon profane, comme n’importe quel autre.
Pour être un peu plus précis sur cette conception, demandons-nous ce qu’est une religion.
D’abord une doctrine servant de base à la croyance. Pour ceux qui ne sont pas adeptes : un ensemble de faits légendaires, de miracles douteux, de récits édifiants servant une morale et justifiant le rôle dévolu au clergé, etc. Rien donc qui mérite un respect particulier, à peine un peu de mansuétude qui conduit à se dire que s’il est des gens pour y croire c’est leur problème, mais que cela n’a guère d’intérêt pour les autres.
Ensuite une organisation, ici l’Église, à la fois gardienne du dogme, centre de décision, organe exécutif, outil de propagande, de police et de répression. Nous disposons aujourd’hui de tous les éléments qui nous prouvent que l’institution catholique dont il s’agit, a été pendant plus de quinze siècles la pire calamité qu’ait eu à affronter l’humanité. Jean-Paul II entre autres repentances, à d’ailleurs dû reconnaître, de façon édulcorée, que son organisation n’avait jamais été digne du message apostolique qui était le sien ! On ne voit donc pas quelle autre attitude adopter sinon la condamner purement et simplement, à la hauteur de ce qu’elle a été nocive et pernicieuse.
Mais une organisation c’est avant tout un personnel qui assume les différentes tâches qui lui sont dévolues par le système, propage la bonne parole et dont il ne serait pas inutile qu’il soit exemplaire. Ici en vérité on se trouve devant un personnel qui du sommet à la base a traversé toutes les époques jusqu’à nos jours dans une immoralité à peu près constante, en reniant ses vœux sacrés et en se vautrant dans une débauche qu’il ne jugea souvent, pas même utile de cacher ! Autrement dit quand il revendique le respect ce ne peut être que parce qu’il le considère attaché à la fonction puisqu’il ne se donne pas même la peine de faire le moindre effort pour le mériter ! Ce qui revient à dire qu’informés comme nous sommes aujourd’hui, on à peine à comprendre qu’on puisse encore écouter les discours moralisateurs de ces gens qui devraient déjà essayer de les pratiquer eux-mêmes, avant de se croire autorisés à les imposer aux autres. Et qu’il est quand même préférable de prendre quelques précautions avant de leur confier des enfants…
Enfin une religion c’est un ensemble de croyants qui acceptent plus ou moins sa doctrine. Et il faut insister sur le « plus ou moins » car il y a de moins en moins de plus et de plus en plus de moins. En effet, la foi du charbonnier est en voie de disparition et n’est pas remplacée par une croyance mieux structurée, plus solide, plus profonde. Non. De nos jours ce qui prédomine, c’est une vague référence à la possibilité de Dieu, le rejet de tout ce que contient la Bible, considérée désormais comme une simple curiosité, la conviction, qui gagne également, qu’aucun Jésus n’a jamais mis les pieds sur terre, enfin la distanciation par rapport à l’Église, à ses pratiques archaïques, tout comme à sa morale dont elle est loin de donner l’exemple. Bien sûr, à l’autre bout du spectre on trouve encore quelques intégristes, dont certains dans un état de détresse mentale assez avancée puisqu’ils voudraient qu’on abandonne toutes les théories scientifiques modernes, y compris l’évolution des espèces et le big-bang, pour revenir à la bonne vieille Bible qui, elle, a réponse à tout… Entre les deux toutes les nuances d’une proximité plus ou moins grande avec l’Église, sa doctrine, sa pratique et ses préceptes moraux.
Une chose en tout cas est assurée dans nos sociétés démocratiques, républicaines et laïques, c’est la liberté qu’a tout individu de choisir la croyance, le système philosophique ou la morale qui lui convient. Ce qui représente une différence fondamentale par rapport aux régimes théocratiques : les catholiques qui ont précédé comme les islamistes qui sévissent encore aujourd’hui, où le choix ne comporte qu’une option et où le refus faisait (ou fait) courir à l’intéressé un maximum de risques…
En résumé, chacun s’accorde de nod jours à reconnaître que tout croyant, quelle que soit sa religion comme tout incroyant, quelle que soit son irréligion, a droit à une parfaite quiétude et à la reconnaissance sans réserve de son droit à croire ou à ne pas croire. Ce qui est d’ailleurs défini comme suit, en France, dans la déclaration de l’homme et du citoyen de 1789 (citée en référence dans le préambule de la Constitution de 1958) :
Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.
Ce qui inclus pour chaque adepte d’une religion, le droit de croire à des faits non admis par les autres religions ou par ceux qui les rejettent toutes. Par contre ces croyants, à quelque courant qu’ils appartiennent, ne peuvent présenter comme des réalités des faits non prouvés, pas plus que nier des faits avérés. A titre d’exemple, des catholiques croient que Jésus est descendu sur terre, il y a deux mille ans : ils ne peuvent prétendre à l’historicité d’un tel fait. Inversement, même si cela ne plaide pas en faveur de l’Église, ils ne peuvent nier ou escamoter les malheurs et les souffrances que celle-ci a causés pendant quinze siècles puisque nous disposons d’innombrables témoignages et documents qui en attestent.
En conclusion, ne sont respectables dans les religions que ceux qui y adhèrent sincèrement, surtout s’ils pratiquent les principes humains qui les ont séduits en elles et dont ils ont pu penser qu’ils constituaient l’essentiel de leur attrait et de leur contenu.
Pour le reste, on a vu que la doctrine ne pouvait trouver grâce qu’aux yeux de ceux qui avaient décidé d’y croire, n’étant pour les autres qu’un tissu d’affabulations. Quant à l’institution elle a à son actif une telle accumulation de crimes, d’atrocités et de barbaries qu’on ne peut que la condamner sans la moindre hésitation. Enfin le clergé, y compris au plus haut niveau, a passé le plus clair de son temps à ridiculiser, en se vautrant lui-même dans la luxure, les principes qu’il voulait imposer de force aux pauvres et aux malheureux. Dans le même temps d’ailleurs ce clergé faisait preuve d’une infinie complaisance envers les licences, fautes et déviations dont les riches et les puissants se rendaient coupables…
On comprend mieux après ce rapide tour d’horizon, que les scribes et divers fonctionnaires de cette multinationale préfèrent qu’on fasse preuve de beaucoup de retenue quand on traite des problèmes de leur entreprise. Qu’on n’insiste pas trop sur les innombrables exactions de son passé, qu’on ne s’attarde pas sur les manquements constants de son personnel, qu’on ne rejette pas trop brutalement la prétention à ce que son système soit enraciné dans l’Histoire. Autrement dit qu’on traite cet ensemble de problèmes avec une mansuétude et une magnanimité dont il n’y a pas traces que ces gens en aient jamais fait preuve eux-mêmes quand ils disposaient des moyens d’absoudre ou de pardonner…
Alors, disons-le crûment : Messieurs, il est trop tard. Pas question de transiger sur ce que nous pensons, pas même d’adopter pour cette lutte d’autres règles que celles qui nous conviennent. Nous allons utiliser les moyens qui sont à notre disposition et les méthodes qui nous semblent convenir pour mettre fin une fois pour toute au scandale que constitue la persistance de votre présence dans notre univers.
Le pape souhaitait, il y a peu, que les chrétiens soient plus combatifs. Il va falloir qu’ils le soient en effet car nous ne nous laisserons pas impressionner par un archaïsme dont ceux qui le servent feignent de ne pas savoir que même s’il bouge encore un peu, en vérité il est mort depuis longtemps !
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