3°- Sérieux un pape ?
Pour terminer, quelques remarques sur le sérieux des ecclésiastiques en général, et du pape en particulier.
Quand on dit de quelqu’un qu’il est sérieux comme un pape, cela ne signifie pas qu’un pape soit sérieux, mais que, comme un pape, il se donne une attitude qui incite à penser qu’il l’est. D’ailleurs ce problème de la reconnaissance, de la respectabilité, de l’image qu’on donne aux autres, qui est celui de la plupart des gens, prend chez les ecclésiastiques de tous les niveaux une acuité particulière.
Pour ce qui est du pape, si l’on veut se rendre compte de la métamorphose instantanée qu’il subit en accédant à son nouveau rôle, il suffit de comparer l’éminence qu’il était la veille encore, simple ( ! ) prince parmi les princes, avec la sainteté qu’il acquiert le lendemain. Le changement est toujours stupéfiant. L’explication à laquelle on a droit pour chaque nouveau titulaire est que Dieu, désormais, l’habite, visiblement… La bouillie habituelle !
Mais le plus probable, c’est que le lauréat du concours, tout d’un coup y croit. Il est instantanément bouffi d’orgueil, de fierté, de bonheur. Il considère que tous ces honneurs qui lui sont dispensés lui sont naturellement dus, que cette humilité, cette obséquiosité (feintes et sans doute pleines de rancœur) de ses pairs d’hier lui étaient destinées de tout temps. Maintenant il peut devenir presque immatériel, avoir ces gestes erratiques qui ne sont plus des bénédictions mais en quelque sorte le prolongement de la main de Dieu qui en est l’origine. Quand il sera à la loggia de Saint-Pierre, il pourra avoir ce tremblement de la voix, amplifiée par la sono, qui permet de mesurer l’effort de Dieu pour que sa parole passe par la gorge de son humble vicaire !
En vérité, l’ex-cardinal est devenu un comédien, habité par son rôle et sachant qu’il joue, car personne n’est mieux placé que lui pour savoir que tout ceci n’est que du… cinéma. Beaucoup de gens, loin d’être dupes, pensent d’ailleurs que pour être crédible, un pape doit mimer le gâtisme à moins dans être déjà affligé. Ce qui est parfois les cas au départ, ou ne tarde pas à arriver…
Parlons maintenant un peu du dernier pape que Dieu, pour ceux qui y croient (encore que certains s’en inquiètent), ou un hasard heureux, pour ceux qui rejettent l’Église, nous a donné…
En effet, pour les adversaires de la religion, que rêver de mieux que ce pape déjà vieux, ratatiné, racorni, borné, sectaire, intégriste, entêté, ultraconservateur. N’est-ce pas, osons le mot, une véritable… bénédiction ! Et est-il exagéré de penser qu’un pape de cet acabit est tout indiqué pour précipiter la ruine de l’entreprise dont il assume la direction, malgré les tentatives de replâtrage de son prédécesseur ?
Sa biographie nous apprend qu’alors qu’il était au séminaire, il dut intégrer les Hitlerjugend, ce qui fait déjà beaucoup de sectarisme au départ. On ne manque jamais d’ajouter que cette intégration était obligatoire et n’implique pas qu’on était un nazi convaincu. Il n’empêche qu’il ne manqua pas de jeunes qui voulaient défendre le régime et même donner leur vie pour leur führer, comme ceux de quatorze, quinze ans auxquels Hitler pincera l’oreille quelques jours avant sa fin… Donc on ferait mieux de ne pas expliquer comme s’il fallait plaider. Laisser le bénéfice du doute. D’autant que partisans ou non les jeunes de l’époque étaient des victimes du régime comme le furent en d’autres temps les victimes de l’Église lorsqu’elle avait la possibilité de tout se permettre.
Ratzinger devenu cardinal sera surnommé le Panzer cardinal, sans doute pour mettre l’accent sur son coté conciliant, son œcuménisme, son sens du dialogue, en un mot sur la largeur de son ouverture d’esprit ! L’apothéose viendra évidemment quand le Panzer cardinal deviendra SS. Benoît XVI.
Depuis ce pape a multiplié les prises de position rétrogrades, les mesures conservatrices, les retours à des principes sclérosés.
Très vite il pactise ouvertement avec les intégristes, qui étaient sur la touche, et autorise à nouveau la messe en latin.
Il maintient fermement le célibat des prêtres, bien qu’il sache mieux que quiconque qu’on compterait sur peu de doigts le pourcentage de ceux qui respectent cette règle…
Il condamne, comme contre–nature, l’homosexualité, sachant pourtant que c’est, plus qu’ailleurs, une des pratiques préférées du clergé, et que si on se séparait de ce personnel, ça ferait un vide...
Il se croit en droit de contester en Italie, en Espagne ou en Amérique latine, des lois votées démocratiquement : mariages homos, adoptions d’enfants, etc. Que dirait-il si un de ses visiteurs au Vatican déclarait que les membres de son clergé qui ne sont pas gays sont pédophiles ? Ce qui ne serait pourtant pas entièrement de la calomnie.
Peu après sa nomination, histoire de s’exercer, sans doute à l’art délicat de la bénédiction papale, il bénit en juin 2005 place saint Pierre, un parterre de Ferrari ! On ne peut voir là qu’une manifestation destinée à illustrer la vocation de l’Église à se préoccuper avant tout des démunis, des plus pauvres, des malheureux !
Quand on sait que les écritures prônaient l’humilité, la simplicité, la préférence à la pauvreté plutôt qu’à la richesse, etc., on se demande si on rêve lorsqu’on voit ces papes et ces cardinaux dans leurs habits chamarrés, leurs oripeaux, leurs tenues dorées, leurs riches broderies. De plus ces vêtements d’un autre âge, étaient faits pour impressionner les rois et empereurs d’Orient et d’Occident et montrer la puissance et les richesses de l’Église. Aujourd’hui, ils sont non seulement dépassés mais grotesques et ne trompent plus ceux à qui ils veulent faire croire à une importance que Rome depuis longtemps a perdue.
Alors, sérieux, un pape ? Évidemment non !
Comment quelqu’un qui accepte du jour au lendemain qu’on lui baise la main ou qu’on l’appelle « votre sainteté » pourrait-il être autre chose qu’un personnage gonflé de suffisance, de prétention et d’aveuglement ?
Comment quelqu’un qui accumule les affirmations infondées, qui donne des ordres dont il sait qu’ils ne seront jamais suivis, qui condamne des pratiques qui sont monnaie courante chez lui, qui conseille à ceux des siens qui ont connaissance de pratiques criminelles (pédophilie) de les cacher à la Justice, etc., etc., comment celui-là pourrait-il être autre chose qu’un plaisantin ?
Réjouissons-nous en, car ce pape irremplaçable nous apportera certainement une aide précieuse dans notre entreprise de clarification et de salubrité.
Pour un peu, si la foi ne nous faisait pas à ce point défaut, nous nous fendrions d’une prière pour qu’il ne soit pas enlevé trop tôt à notre affection…
Agnos
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